Paroles d'officiers

La société des officiers français, souvent décrite comme une « société muette », est plus complexe, diverse et ouverte qu’on ne le croit généralement. Cette société forme un corps riche en engagements mal connus, un corps qui fait de l’action son principe cardinal et puise dans la réflexion sa détermination première, mais un groupe qui communique peu. Les officiers ont aujourd’hui une tendance instinctive à pratiquer l’autocensure collective, à se tenir à l’écart des débats publics, à s’enfermer dans des savoirs et disciplines techniques. C’est sans doute ce qui explique qu’on les connaît aujourd’hui moins bien qu’hier. Dans le passé, ils occupaient plus délibérément le devant de la scène nationale, et souvent d’ailleurs à leurs dépens.

Si les officiers agissent en chefs loyaux à l’égard de l’autorité politique qu’ils côtoient de près sans illusions excessives, s’ils partagent avec quelques autres serviteurs de l’État l’exigence patriotique et une certaine idée du service public, ils sont perplexes devant le monde actuel et les besoins de sécurité de la société française dont ils ont principalement, mais pas exclusivement, la charge.